Argentine : une traversée Sud / Nord...
Nous sommes le mardi 9 mars, jour des séparations à El Calafate. D'un
côté, Serge et Nadine repartent en avion pour finir leur semaine de vacances à
Buenos Aires et de l'autre, le challenge des Justyboys de se faire plus de 3000
km sur la mythique route 40 en autostop... Le but étant de rallier Salta à
l'extrême nord de l'Argentine, à 270 km de la frontière Bolivienne.
Il est 12H30, nous quittons l'auberge d'El Calafate, rejoignons la sortie
de la ville afin de positionner nos pouces en bordure de route. Nous sommes
excités à l'idée de vivre cette nouvelle aventure et ce nouveau moyen de
déplacement. C'est avec une motivation et un optimisme à toute épreuve que nous
nous trainons, avec nos 20 kg de sac sur le dos, au point le plus stratégique.
En chemin, notre moral s'effrite un peu, lorsque que nous rencontrons un
autostoppeur qui a eu la même idée que nous. Il est Français bien entendu (à
savoir qu'en Argentine, les touristes sont Français ou Israéliens). Il ne
voyage qu'en stop et ça fait déjà 1/2 heures qu'il est en place... Qu'importe,
par sportivité nous nous positionnons après lui à quelques centaines de
mètres... Nous camouflons nos sacs derrière un poteau afin de ne pas trop
effrayer les gens par l'ampleur de notre caravane. C'est parti... pouces
lustrés en action et pancarte indiquant RUTA 40 dépliée...
En détail ci-dessous le fil de notre attente sous le soleil, au vent :
- 13H00 : tous debout, chantant, riant...
- 13H45 : 2 debout, sifflant, souriant...
- 14H30 : 1 debout bras tendu, les deux
autres jouant au frisbee derrière…
- 15H15 : les 3 assis, bras tendus (à
moitié), avec notre pancarte indiquant en espagnol : "participons au frais
d'essence"! (on apprendra par la suite que ce qu'on a ecrit ne veut rien
dire en Argentine...)
- 16H30 : 1 assis, 2 couchés dans
l'herbe. L'optimisme a disparu.
- 17H00 : discussion sur la solution de
repli : "nous prendrons le bus demain!"
Voilà ça se passe comme ça une demi-journée de stop avec les JustyBoys...
Pour excuser notre inefficacité, il faut savoir qu'El Calafate est une ville
touristique ; un cul de sac où ne circule que les bus de tourisme, taxis et
voitures allant à l'aéroport. Quand à l'autre Français autostoppeur... toujours
en bord de route assis cette fois à jouer de la guitare... Bonne chance mec!!!
Le lendemain, après avoir
rencontré la veille à l'auberge nos premières voyageuses Portugaises, Claudia
et Inès que nous retrouverons sans doute à Cuzco au Pérou (Claudia doit fêter
ses 30 ans là bas...), nous prenons le bus pour 54 heures, plus de 3000 km de
traversée Sud / Nord de l'Argentine...
Le stop ayant lamentablement
échoué, nous avons un demi mérite d'avoir supporté 54 heures de bus. Un demi,
car il faut bien avouer que les bus Argentins sont plutôt confortables, avec
leurs sièges inclinables en lit, leurs repas chauds et leurs nombreux films
diffusés... Donc finalement ces 2 jours et demi sont passés comme une lettre à
la poste. Nous sommes le vendredi 12 mars et nous arrivons à Salta à 1H30...
Comme d'habitude, nous ne savons pas où dormir à notre descente de bus et
cette fois-ci pas de guide "papier" pour nous aider... Mais la vie
est simple... C'est ainsi qu'un jeune rabatteur nous fait la pub d'un hôtel non
loin d'ici (Internet, eau chaude, billard, piscine...) : arnaque ou réalité? Et
bien... réalité. L'endroit est très sympathique et invite à lui seul à allonger
notre séjour à Salta. Ce même soir, ou plutôt au petit matin, nous arpenterons
les rues de Salta afin de profiter (enfin) de l'ambiance latine surchauffée des
nuits de fin de semaine.
A Salta, nous découvrons l'Amérique latine comme nous l'imaginions :
vieilles voitures (Ford Falcon, Peugeot 404, 504, Renault R12, R16, 2CV
Citroën...), le rythme latin (lever 11H, magasins fermés entre 13H et 17H), les
rues se remplissant le soir, les argentines à croquer, des églises plus belles
les unes que les autres... et ses bancs publics (...nous n'avons pas vu les
bancs de messe).
A Salta et sans trop s'avancer, en
Argentine en général, les bancs publics ont la particularité d'attirer les
amoureux (c'est Brassens qui serai content de voir ça). Les espaces verts sont
parsemés de bancs, et de jour comme de nuit accueillent:
Les amoureux
qui s'bécottent sur les bancs publics
Bancs
publics, bancs publics
En s'fouttant
pas mal du regard oblique
Des passants
honnêtes…
Si bien, que le soir venu tous les
bancs publics sont occupés...
Nous nous sentons bien dans cette ville et dans notre auberge où nous
partagerons notre temps entre discussions, baignades et bonnes soirées avec 3
Israéliens (Lion, Sharaf, Ilian), 2 soeurs de Buenos Aires (Daniela et Georgina),
deux couples Argentins et Noémie une Québécoise fort sympathique. Une Auberge
espagnole où notre niveau de langue s'améliore de jour en jour, où les repas
cosmopolites finissent à point d'heure, et où les parties de billards apaisent
nos têtes embrumées par le malbec et les traductions, avant d'aller se coucher.
Nous devons maintenant quitter cet
endroit fort agréable pour rejoindre La Quiaca, à la frontière
Argentino-Bolivienne, 270 Km au nord de Salta.
Notre échec d'autostop d'El
Calafate nous ayant laissé sur notre faim, nous décidons de remettre ça de
Salta pour rejoindre La Quiaca... Cette fois pas d'excuse, nombreux camions et
voitures empruntent la route 9 reliant les deux villes...
Deux
itinéraires pour sortir de la ville :
Le premier
nous stoppera vite à la vue des dizaines d'Argentines faisant elles aussi du
stop pour rejoindre la ville la plus proche.
Le deuxième
nous amène donc à l'entrée de la voie rapide. Nous commençons, assez motivés
notre rituel pouces en l'air et... 5 min plus tard, un fourgon s'arrête
(mission accomplie), le chauffeur nous passe son téléphone et à l'autre bout du
fil une de ses amies françaises nous explique qu'il nous déposera à la douane
du contrôle policier... à 6 km (mission à demi-accomplie) Pourquoi pas? Malheureusement,
après 4 heures de stop, de nombreuses voitures, camions passant devant nous
sans ralentir ou à peine (poste de police oblige), nous repartons souriant
quand même pour la station de bus de Salta : demain matin, nous serons à La
Quiaca, la frontière Argentino-Bolivienne, à 3500 m : 1ère marche de notre
adaptation à l'altitude.
Nous sommes le mercredi 17 mars,
nous arrivons à La Quiaca à 7h30. Après 2 cafés solo (solo: noir et pas chacun
dans son coin...) et 2 croissants Julien et Yann passent la douane à pied sans
les sacs à dos (car sans bagages pas de contrôles aux 2 douanes), pendant que
Stéphane garde toutes les affaires côté Argentin. But de l'opération, se
renseigner des prix et horaires des bus et trains pour se rendre à Uyuni ou
ailleurs en Bolivie...
Cette mission accomplie, nous
restons 3 jours à Yavi, un petit village Argentin à 16 km de la frontière, dans
la montagne. L'hostel El Mirador (juste à l'entrée à droite,
www.elmiradordeyavi.com.ar, 20 pesos la nuit) avec sa tour aux 2 hamacs, sa vue
à 360° et les 2 compères qui gardent ce havre de paix en font un endroit
parfait pour se ressourcer et profiter du paysage. L'excellente musique
diffusée à longueur de journée dans la pièce principale accompagne
fabuleusement les repas, siestes et soirées. Nous partageons les diners autour
de la grande table avec tous les habitants du lieu...c'est à dire 7 personnes :
nos 2 hôtes (Santiago et Machi), un couple de jeunes argentins en vacances et
nous 3... comme à la maison, les cours d'espagnol en prime.
Merci à Noémie de nous avoir
poussé ici. Yavi est un village magnifique, typique, sans touristes, sans
internet, sans téléphone (ou presque: le seul téléphone disponible à la poste a
été coupé pour 3 mois suite au non paiement de la facture par la commune...),
nous retrouvons un silence absolu que nous avions perdu depuis l'ile d'Olkhone
en Russie. Une providentielle parenthèse avant d'attaquer ce nouveau monde qu'est
la Bolivie, ses déserts salés (salar), sa pauvreté, ses costumes traditionnels,
ses montagnes à plus de 6000m...