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Un peu plus loin ...
16 octobre 2009

Premier pas dans le nomade's land (02/10/09)

  Il est 10h le 2 octobre, les sacs et les batteries de nos dix kilos d'électronique chargés à bloc, nous retrouvons Bujee et son grand sourire accordé aux notre. Embarquement immédiat dans le minibus, azimut nord-nord-ouest, direction Batsumber à environ 80 km d'UB. La route se transforme rapidement en piste et le chauffeur a un sens de l'orientation plus affuté que les derniers GPS… dans la steppe, pas de panneau, seulement des croisements où se rejoignent des chemins, plus ressemblants les uns que les autres.

 

 Le soleil est toujours de la partie. On s'arrête 5 minutes pour faire 3 tours à pied autour d'un ovoo en y jetant des pierres. L'ovoo est un genre de kairn (tas de cailloux), érigé à des endroits parfois inattendus par les bouddhistes pour y faire leurs prières, ou plutôt leurs voeux. Si l'on a pas le temps de s'arrêter on peut juste klaxonner 3 fois, ça marche aussi ;-) Nous croisons des villages de yourtes, des troupeaux géants de moutons, des cowboys fiers comme Lucky Luke. Nous traversons l'unique voie ferrée de ce pays, celle du transmongolien, prolongement du transsibérien pour se rendre a Beijing via UB. Nous apercevons enfin, au détour d'une colline et après 2h de route, la yourte où nous nous apprêtons à passer 5 jours. Premier contact physique avec la steppe, un petit pas pour nos pieds, un bond de géant pour nos âmes d'explorateurs. La nature est quasi intacte, les seuls choses qui nous entourent sont des animaux (chèvre, mouton, chevaux, chien) un pré de plusieurs milliers de kilomètres carrés et 4 ou 5 yourtes, dont celle de notre famille d'accueil. Nous déchargeons le camion qui repart aussitôt pour UB.

 

 Les présentations faites avec nos hôtes paisibles, nous nous installons tel des campeurs dans une yourte à 3 murs. Et oui, il faut savoir que, malgré leur forme arrondie, les yourtes possèdent des murs. Ce sont en fait des parois en "feutre" (laine de mouton compressée entre 2 draps de cotons) de dimension standard; plus la yourte aura de murs, plus le diamètre sera grand. Celui de la notre doit avoisiner les 5 mètres. Toutes les yourtes ont leur porte orientées vers le Sud. Le toit, comme les murs, est constitué de pans de feutre, liés à la structure en bois à l'aide de cordes en crin. Il n'y a pas de fenêtre, seulement une ouverture d'une bonne cinquantaine de centimètres au milieu du toit conique pour laisser passer la lumière, l'air et le tuyau du poêle (ça laisse aussi pas mal passer la pluie, la neige, et le vent dans les plus rudimentaires) A l'intérieur, faire attention à toujours rentrer le pied droit en premier et bien baisser la tête (la porte fait environ 1,20 m de hauteur, au centre on tient largement debout). Vous pénétrez dans un monde de bois coloré. Pour la notre, 3 lits simples (pour sept!), un poêle à bois en fonte et tôle, 4 tabourets, une petite table ronde, et un petit meuble bas pour ranger la nourriture. Tous les meubles ainsi que les 63 barres, le cercle en bois, et les deux piliers centraux qui soutiennent le toit, sont peints en orange et ornés de motifs "végétaux" verts, jaunes, bleus et blancs. Pour soutenir les murs, un croisillon de bois, de la même hauteur que la porte, fait tout le tour de la yourte. Le sol est recouvert, côté porte, d'un lino à damier noir et blanc, tandis que l'autre moitié est recouverte de moquette, posés directement sur le sol. Sous un lit, l'herbe pousse... assez pratique pour se débarrasser des balayures. Petite particularité de ces constructions : aucun clou, aucune vis, tout doit être démontable facilement, nomadisme oblige. Tout est donc fixé et maintenu par des liens en crin ou des morceaux de boyau de mouton, noués autour de petits morceaux de bois. 

 

 Dehors, la yourte de nos hôtes est à 20 mètres, celle de leur voisin est un peu plus loin, près de l'étable d'hiver. Deux vieilles motos chinoises nous montrent un des rares points de modernisme de la vie nomade, avec un panneau solaire posé contre une yourte, et les téléphones portables, que nous découvrirons plus tard. Deux grand piquets reliés par une corde tel un fil a linge servent à attacher les chevaux au petit matin... enfin si on arrive à les retrouver après leur nuit d'errance. A côté, un petit enclos de grillage ne contient actuellement qu'un seul mouton attaché à un piquet alors que les 607 autres (chèvres et moutons des 2 familles confondus) gambadent librement dans la steppe. Nous comprenons vite que ce mèèèèèèèèèèè n'est pas celui d'un animal en quarantaine, mais bien celui du futur met de nos hôtes.

 

 Une quinzaine de minutes après notre arrivée, Bold (= Bolto), le cadet de la famille (21 ans), l'attrape par les pattes avant, l'amène jusque devant sa yourte et le couche sur le dos devant son frère qui l'attend avec un couteau et 2 bassines. Nous osons à peine nous rapprocher, personne ne nous y invite, mais notre curiosité est plus forte... nous demandons à Bujee qui nous dit qu'il n'y a pas de problème, on peut même prendre des photo. Une incision de 10cm au niveau du nombril, et il plonge l'avant bras dans le ventre de l'animal qui se débat à peine à la recherche d'une veine reliée au coeur. Il tire un coup sec, le méchoui s'immobilise en 30 seconde. S'en suit le dépeçage, l'éviscération et la découpe avec pour seul outil un couteau bien affuté et l'aide de Bold et de sa mère pour ne pas salir la viande. Les gestes sont d'une précision chirurgicale et l'affaire est dans le sac, ou plutôt pendue dans la yourte, en moins d'une demi heure. Tout cette étalage de tripes nous ayant ouvert l'appétit ;-) nous préparons le gueuleton. Pour réduire le coût de notre séjour, nous n'avons pas pris de cuisinier (l'agence en prévoit normalement un à partir de 5 personnes); c'est donc à nous d'aider Bujee dans la préparation des repas ( nous tenons d'ailleurs à en profiter pour faire un spécial bayartla à Gui, Dudu et Céline pour leur participation à toutes les tâches supplémentaires dues à notre présence). Ce midi c'est soupe mongole (choux, oignons, pommes de terres, carottes et boeuf bouilli), un régal! Si si on vous assure c'est vraiment bon, surtout quand vous vous voyez déjà en train de manger des yeux ou des roupettes de moutons. 

 

 Après un bon café noir suivit d'un thé au lait légèrement salé, nous enfourchons les montures préparées par notre palefrenier préféré, Bold. Seule petite surprise, nous n'avons pas les chaps (protection pour le bas des jambes contre le frottement des cordes supportant les étriers), nous devons donc en improviser dans le tapis de sol que Stéphane veux bien sacrifier. Les jambes démesurées de nos top models (Gui Jul et Yann) ne sont pas vraiment adaptées à la hauteur des étriers. Heureusement les sangles que nous avons amené serviront à les rallonger pour le plus grand bonheur de nos géants ;-). 10 km de ballade à travers la steppe ensoleillée, un paradis de liberté tant pour les chevaux que pour les cavaliers novices que nous sommes. Nous nous rappelons à peine comment nous nous appelons et ce n'est pas à cause de la vodka, notre tête est vide, nous ne vous faisons pas de dessin.

 

 

à suivre...


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